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Dans toutes les traditions, le repas est un moment privilégié pour rendre grâce de pouvoir bénéficier de la nourriture qui nous est donnée de partager.
Des compagnons en Occident
Le pain est synonyme de travail, de bonheur, d’une certaine aisance puisque de tous temps, l’inviter à la table de chaque jour signifie que tout va bien et « qu’à bon pain, dit le proverbe, ventre plein ».
L’étymologie de ce mot, symbole de vie, vient du latin populaire « companio ». Copain, compagnon : celui qui mange son pain avec…”.
La provenance des légumes et fruits
Le repas est le moment privilégié permettant de manger en conscience en se connectant aux forces de vie l’ayant rendu possible avec une pensée toute particulière pour les ingrédients provenant du jardin. Ceci invite à une réflexion sur les liens existants entre jardin et cuisine, entre jardinier et cuisinier
Le jardinier
Le jardinier a le privilège d’expérimenter le sensible de la vie, des plantes, de la terre, des animaux en relation avec la valeur du temps et le rythme des saisons. Il est celui qui accompagne la création de la vie. Son activité consiste à unir la terre au ciel.
Le cuisinier
La nourriture intervient depuis la nuit des temps dans les rites initiatiques.
En dehors de la fonction d’alimentation, il y a une fonction d’incorporation qui est essentielle : on devient ce que l’on mange. Il y a l’énergie spécifique à la plante ou à l’animal avec ses caractéristiques propres, mais aussi l’information fondatrice de la vie permettant le renouvellement cohérent de nos cellules.
La cuisine est bien une démarche sacrée comme le précise Jacques Mittler :
« Si l’art culinaire est une création permanente,
la cuisine est un sanctuaire et le repas une méditation ».
La place de la cuisine dans les Upanishads
Dans ces anciennes écritures sacrées de l’Inde, la nourriture est Brahman, la réalité divine. En mangeant, nous participons à la vie et à la création sur le plan de la matière. La nourriture joue un rôle important qui détermine nos sentiments, nos pensées et nos actes. Les Ecritures classent les aliments en trois catégories principales en lien avec les qualités que sont respectivement l’équilibre, l’activité et l’inertie.
Aujourd’hui encore, ceux qui sont engagés dans une recherche spirituelle attachent une importance particulière aux préliminaires et à la propreté. Avant de cuisiner la personne en charge de la cuisine prend une douche, met des vêtements propres et applique les préparations rituelles sur le front. La cuisine doit aussi être nickel et lavée avec soin.
La place du repas et le maître de cuisine Zen
La cuisine dans le Zen tient une place très importante. D’ailleurs, dans les monastères Zen, la cuisine est le lieu de la plus haute offrande et le cuisinier (Tenzo) veille sur la santé du corps de ses frères et sœurs quand le Maître veille, par son éducation, sur la santé mentale et spirituelle de la communauté.
Cette référence peut nous encourager à porter notre attention sur l’instant présent, le geste juste, la bonne attitude, l’environnement fonctionnel et propre, la conscience de notre place dans la chaîne du vivant et nous conduire à la gratitude et au partage.
Symbolisme et information subtile
* Le principe d’incorporation possède une double signification :
o – d’une part, le mangeur devient ce qu’il consomme
o – d’autre part, le mangeur s’intègre dans une culture
* Incidence de l’imaginaire associé à un aliment : manger du lion, retrouver les saveurs d’enfance…
* au delà des éléments matériels à assimiler, peut-être y-a-il une information créatrice transmise à nos cellules ; privilégier le grain entier à la farine, la carotte avec fanes, etc.
Cycle de la vie
Manger, c’est pénétrer au cœur du mystère de la vie. Une alimentation saine et responsable ne saurait se dispenser de cette prise de conscience tournant autour de deux constats :
* Les êtres vivants sont tous des mangeurs/mangés
* Tout est relié
Cette prise de conscience conduit
* à une attitude de respect et de gratitude
* à percevoir la notion de sacré
* à ressentir de plus en plus souvent les correspondances entre micro et macrocosme
Au fait, le sacré c’est quoi ? C’est « ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l’émerveillement, le respect et le mystère s’allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des êtres très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force ». Pierre Rabhi
Il en découle souvent un choix alimentaire visant à privilégier dans nos assiettes la présence du règne végétal.
Place des rythmes, importance des rituels et des postures
* Reconnaissance exprimée avant et après le repas
* Cérémonie du thé : ne pas tenter de la copier au risque de la singer. Mais en prendre conscience et imaginer nos propres rituels dans les gestes les plus anodins du quotidien.
* Pratiques amérindiennes à l’égard de la Pacha Mama, la Terre Mère : avant de manger, répandre quelques miettes et quelques gouttes au sol pour partager symboliquement et remercier.
* Cuisiner en conscience en étant attentif à la bonne position et au geste juste.
* Veiller à soigner les ambiances et à limiter les situations de stress habituelles en cuisine.
Cuisiner en conscience
La charte du mouvement « cuisine et conscience » qualifie la cuisine comme étant l’art de transmettre la Vie
Alimentation vivante
Cette dimension sacrée du repas sera magnifiée par le choix d’une alimentation vivante. Mais elle restera perceptible, grâce à la force de notre intention, à tout repas même s’il ne répond pas à nos critères de qualité.
Appréhender une tâche dans sa globalité
La perception du sacré va nous conduire à donner autant d’importance aux diverses étapes relatives à un repas : cueillette (courses), préparation, manger, nettoyer, s’inscrit dans un cycle complet dans lequel il n’y a pas de tâches nobles ou avilissantes.
Ce regard donne sens à nos actions qui, en toute modestie, concourent au fonctionnement de l’univers : mise en forme, création, choix, remise en ordre, nettoyage face à l’entropie naturelle.