Pourquoi ma préférence pour les orties ? Clin d’oeil en direction de Victor Hugo qui les évoque avec tendresse dans Les Contemplations.
D’autres précieuses « mauvaises herbes » auraient pu être citées.

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Depuis bien des années je me suis incliné devant des plantes sauvages et les orties en particulier, pour les convier dans ma cuisine et les mettre en valeur à la table de mes hôtes. A force de les côtoyer ainsi, je me suis mis à écouter ce qu’elles murmuraient avec de plus en plus d’insistance : c’est ainsi que je discernais progressivement les leçons de sagesse qu’elles souhaitaient me transmettre. Et aujourd’hui, j’ai le privilège de pouvoir partager ce que les orties ont pu m’apprendre sur la vie !

Le respect au moment de la cueillette, leur accord pour venir rejoindre ma cuisine, l’émerveillement face à leur vitalité. Ensuite les travailler avec le hachoir demi-lune est un exercice qui demande de la précision dans le geste, une bonne posture, une attention au rythme de la découpe et à sa respiration. Mélangées avec sel et huile, le moment de la mise en pot est arrivé : encore des gestes dont la répétition permet de bien prendre conscience de nos mouvements et de les affiner. Etre observateur. Etre à la recherche du geste juste, beau et efficace. Garder la conscience de son centre. Participer à un mouvement qui nous fait entrer dans la danse de la vie. Elles apprécient d’être ainsi traitées avec tous les égards car leur mission n’est jamais terminée ; elle se métamorphosent simplement. Des feuilles deviendront des papillons, sous forme de pesto d’autres deviendront une partie de nos cellules, en fin de saison, d’autres encore viendront enrichir l’humus du sol, etc. Elles aspirent à nous voir ainsi, en conscience, partager leur aventure… et être à l’écoute de leur secrets de sagesse.

A noter aussi l’immense avantage d’une telle pratique, c’est qu’elle est directement en lien avec les gestes du quotidien et peut donc se poursuivre, dans le même esprit, en prenant appui sur toutes les activités de la journée. Alors que transposer les postures de yoga est plus difficile avec le risque de ne pas faire de toute sa journée une activité inspirée par le yoga.

Je les remercie pour m’avoir ainsi enseigné la « Voie de l’ortie », démarche dont mon égo ne risque guère de se prévaloir en public. Ah, tu fais du yoga ! Et bien moi, je ne dirai rien de ma pratique en compagnie des orties. Cela reste donc entre nous, bien sûr ! -sourire-

By Gerard